
"Tenue de combat au corps, cachées derrière un arbre, se lançant vanne après vanne, Cuba et Alaska semblent presque joviales. On pourrait croire que les deux jeunes femmes sont en plein match de paintball, mais les balles qui fusent autour d’elles sont bien réelles. Nous sommes sur le front ukrainien, et nos héroïnes ont pour tâche de secourir les blessés.
On n’a guère l’habitude de voir autant de gaieté dans les films qui traitent de la Guerre en Ukraine, et encore moins dans le genre documentaire. “On n’a pas le temps d’avoir peur”, déclare Alaska. Malgré leurs surnoms américains, les deux jeunes femmes sont fort attachées à leur partie, et prêtes à mettre leur vie en danger pour sa défense. On s’attache rapidement à ces deux figures singulières, en particulier Cuba, qui navigue à sa manière le milieu ultra-masculin de l’armée, se fondant avec aisance dans leur camaraderie bravache.
Mais la guerre ne saurait être une affaire complètement joyeuse, et la route des deux amies se retrouve séparée.
C’est là que le film trouve son émotion, et change de ton, pour quelque chose de plus lugubre. Mais c’est aussi là que le film prend une étonnante tangente, accompagnant Cuba dans un voyage en France et en Espagne – un détour assez beau, et qui nous dévoile d’autres facettes de cette femme surprenante, mais donne aussi l’impression d’être tombé dans un autre documentaire. Ce n’est qu’au retour en Ukraine que “Cuba et Alaska” semble avoir retrouvé son centre, et la force de son duo.
Partagé entre l’euphorie et le désespoir de ses personnages, le documentaire ne sait pas sur quel pied danser, nous faisant passer de la tristesse à la joie sans sommation. Ce qui n’est en soi pas un problème, mais le film ne semble pas non plus savoir que penser de ses personnages, au-delà d’une certaine admiration pour leur courage et leur persévérance. Le parcours des deux femmes force le respect, mais il manque au film un vrai regard sur leur destin."
Adrien Corbeel sur RTBF Actus, 20 juin 2025