Culture

Le cinéma ukrainien après Maïdan - une interview d'Anthelme Vidaud

Le nouveau cinéma ukrainien nous invite à une découverte des multiples facettes de cette société.

Nov 26, 2025

Source: RESU (Belgique)

26 novembre 2025

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Dans cette vidéo, Anthelme Vidaud présente les principales caractéristiques du cinéma ukrainien dans les années qui suivent le soulèvement de Maïdan. Un cinéma porté par une jeune génération, et notamment par de nombreuses femmes, qui aborde les questions de la société ukrainienne et permet de mieux connaître celle-ci, au-delà des clichés et des stéréotypes. Cette vidéo fait partie d'une série qui abordera ensuite le cinéma produit après l'invasion totale de 2022 et présentera aussi quelques films que nous conseille tout particulièrement Anthelme.

Anthelme Vidaud a été attaché audiovisuel à l'Institut Français à Kiev de 2011 à 2013. Il a ensuite rejoint le Festival international du film d'Odessa, d'abord en tant que coordinateur de programmation, puis comme directeur de la programmation de 2015 à 2020. Il est l'auteur d'un livre consacré au cinéma ukrainien: "Ciné-Ukraine. Histoire(s) d'indépendance" publié en 2022 aux éditions Warm.

À propos de Ciné-Ukraine, Histoire(s) d’indépendance d’Anthellme Vidaud par Kristian Feigelson (Positif n°768)

« Anthelme Vidaud, ex-attaché audiovisuel à l’Institut français de Kiev, puis directeur de programmation au festival d’Odessa de 2015 à 2020, retrace une histoire filmique qui va aussi au-delà de cette guerre, comme l’avait montré, en novembre dernier, la programmation d’Arte « Génération Ukraine ». Ici, tous les réalisateurs ukrainiens forcent l’admiration, bravant les difficultés quotidiennes pour filmer, puis rejoignant le front pour combattre. Nombre d’entre eux y ont laissé leur vie, depuis février 2022. Leurs caméras sont à la fois devenues des armes et des outils pour témoigner d’une guerre terrible aux portes de l’Europe. Les questions soulevées par l’ouvrage sont à la fois multiples et éclairantes. L’indépendance acquise par l’Ukraine à la chute de l’URSS, en 1991, n’a pas pour autant signifié l’indépendance de son cinéma, contrairement à ce que pourrait laisser penser le sous-titre du livre. Une longue période de léthargie affecta la production pendant plus d’une trentaine d’années, durant lesquelles, faute de moyens, dans un État désargenté et corrompu par les crises politiques, le 7ème art n’était plus une priorité. Entre 2011 et 2021, deux à cinq longs métrages commencèrent à être tournés par an en Ukraine, soit une moyenne de trente en dix ans, contre près de cent cinquante par an en Russie, sur la même période. Comme le décrit Anthelme Vidaud, cette renaissance d’un cinéma ukrainien depuis une quinzaine d’années est liée à plusieurs facteurs. Juste avant la révolution de Maidan, en 2014, une implication de l’État, avec des financements plus importants et transparents, a redynamisé une production anémiée. Avant son élection, le président Volodymur Zelensky avait été une vedette adulée de la comédie ukrainienne à l’écran. Puis la volonté profonde de renouer avec la fabrication de ses propres récits, en rompant avec le cinéma jusqu’ici colonisé par la Russie qui imposait sa langue au détriment de l’ukrainien, sans cesse dénié.

Les œuvres analysées ici témoignent de l’énergie retrouvée d’une société multi-culturelle qui, de manière toujours compplexe et fragile, dépasse le seul cadre d’un État-nation en guerre. Même si parfois certains films d’avant l’invasion russe semblent résonner face à une histoire commune avec un monde russe étrangement fantasmé, à la fois proche et lointain. L’annexion de la Crimée, suivie de la guerre du Donbass, permet d’interroger ce legs devenu le creuset d’un docu-fiction de guerre inédit à l’instar de Donbass (2018), de Sergueï Loznitsa. En revisitant les filmographies de cette génération, Anthelme Vidaud analyse dans ces deux derniers chapitres une douzaine de films emblématiques et variés de cette décennie, agrémentés de leurs livrets photo, pour donner enfin la parole à leurs réalisateurs. Ceux-ci sont souvent contraints de montrer ces films dans les festivals internationaux, les structures étant aujourd’hui inadéquates ou détruites en Ukraine. Après avoir rappelé les figures légendaires de ce cinéma, Vidaud a plutôt mis l’accent sur un cinéma d’auteur indépendant. L’épilogue nostalgique de l’ouvrage est dévolu à la Maison du cinéma à Kiev : « C’est un vieux cinéma, pas branché ni moderne pour un sou, et l’on s’y sent chez soi. » »

Le RESU organise régulièrement des projections de films ukrainiens en Belgique

A voir également sur YouTube:

Interview d'Igor Minaev sur son film "Isolation" par Brigid Grauman (en français)
Interview de Hanna Tykha sur son film "Kilomètre" (en anglais)
Interview d'Ivan Orlenko sur son film "Dans notre synagogue" (en anglais)
Interview d'Iryna Tsilyk sur son film "La terre en bleue comme une orange" (en anglais avec sous-titres en français)

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