Il faut sauver les enfants d’Ukraine
La mobilisation et la pression internationale doivent s’intensifier pour que les enfants d'Ukraine déportés puissent rentrer chez eux

Source: Comité français du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine (RESU)
18 novembre 2025
Au détour d’une récente interview, Maria Lvova-Belova, la commissaire russe aux droits de l’enfant auprès du Président de la Fédération de Russie, reconnaissait avoir « pris » et « rééduqué » un adolescent ukrainien. Elle évoquait alors environ 20 000 cas semblables.
Parallèlement, le dernier rapport du Laboratoire de recherche humanitaire de l’université de Yale [1], publié le 16 septembre 2025, démontre de nouveau le caractère généralisé, quasi-industriel, ourdi et planifié de la russification forcée opérée par les autorités d’occupation russes dans les territoires ukrainiens temporairement occupés et détaille avec précision le sort des mineurs ukrainiens isolés, déportés, emprisonnés dans un réseau de camps de « rééducation idéologique » et de militarisation. Il révèle toute l’ampleur du crime commis par le régime impérialiste mafieux de Poutine contre les enfants ukrainiens.
D’après une récente enquête réalisée par le quotidien Kyiv Independent [2], les quelques 1,6 million d’enfants qui résident dans les territoires occupés par la Russie sont soumis à un endoctrinement quotidien dès l’école où ils sont obligés d’étudier [3] selon les normes russes, forcés de rejoindre des organisations de jeunesse conçues pour glorifier l’armée. Ces futurs janissaires sont appelés à grossir les rangs des Ukrainiens enrôlés de force, depuis 2014, dans l’armée russe.
Selon Kateryna Rashevska, avocate ukrainienne travaillant à l’échelle internationale pour défendre les droits des enfants ukrainiens touchés par la guerre, l’article 50 de la quatrième Convention de Genève exige d’une puissance occupante qu’elle maintienne l’éducation des enfants en relation avec les autorités locales, qu’elle confie la scolarité, dans la mesure du possible, aux personnes de sa propre nationalité, de sa langue et de sa propre religion et interdit d’inscrire les enfants dans des organisations subordonnées à l’occupant.
Mais peu importe aux sbires de Poutine : comme l’explique crûment un nommé Igor Vorobyov, directeur de la branche de Volgograd du programme du centre « Guerrier », organisme chargé de former « les prochaines générations de soldats » : « Si vous voulez vaincre votre ennemi, élevez ses enfants. »
Ces pratiques monstrueuses ont valu à Vladimir Poutine et à sa complice Maria Lvova-Belova d’être recherchés pour crimes de guerre par la Cour pénale internationale.
La mobilisation et la pression internationale doivent s’intensifier, afin qu’eux et leurs complices soient amenés à rendre compte devant les tribunaux.
Œuvrer à la paix ne peut se faire sans que justice soit rendue et que les enfants d’Ukraine puissent rentrer chez eux.
[1] https://ysph.yale.edu/news-article/ukraines-stolen-children-inside-russias-network-of-re-education-and-militarization/
[2] https://kyivindependent.com/investigation-russia-militarizes-ukrainian-children-from-occupied-territories-training-them-for-a-lifetime-of-war/
[3] www.youtube.com/watch?v=ne0hQig8oK
Les enfants volés de l’Ukraine :
Au cœur du réseau russe de rééducation et de militarisation

Introduction
Le Laboratoire de recherche humanitaire (HRL) de l’École de santé publique de Yale a conclu que des enfants originaires d’Ukraine ont été emmenés dans au moins 210 établissements situés en Russie et dans les territoires ukrainiens temporairement occupés depuis l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Fédération de Russie en 2022. (La liste complète de tous les lieux identifiés dans cette étude est disponible à l’annexe II.) Le HRL identifie huit types d’établissements dans cette étude, allant des camps d’été et des sanatoriums à une base militaire et, dans un cas, à un monastère.
Les enfants ont été détenus dans ces lieux pendant des périodes variables : certains enfants ont été envoyés dans ces lieux à titre temporaire et sont rentrés chez eux. D’autres groupes d’enfants ont été détenus indéfiniment. Dans certains cas, les enfants qui sont entrés dans ce réseau de camps, appelés centres familiaux, et d’autres établissements ont été intégrés au programme russe de placement et d’adoption forcés, avant d’être finalement placés dans des familles en Russie et de devenir des citoyen·nes naturalisé·es de la Fédération de Russie.
Les enfants placés dans ces établissements sont régulièrement soumis à une « rééducation » et, dans de nombreux cas, sont inscrits à des programmes de militarisation forcée qui comprennent, entre autres, une formation au combat et au parachutisme. Les enfants de certaines installations ont été impliqués dans la production d’équipements militaires pour les forces armées russes, notamment des drones. Cette étude fournit des informations jusqu’alors inaccessibles sur la portée, l’ampleur et la nature de ces programmes de rééducation et de militarisation gérés directement, dans de nombreux cas, par le gouvernement russe.
Cette étude est parvenue à ses conclusions en combinant l’analyse d’informations provenant de sources ouvertes, le plus souvent des documents et des déclarations produits par la Russie elle-même, avec l’examen d’images satellites à très haute résolution disponibles dans le commerce. Cette méthodologie permet à HRL d’identifier et de comprendre les tendances dans le développement de cette constellation d’installations au fil du temps.
HRL a observé qu’un site sur cinq s’est agrandi ou a construit de nouveaux bâtiments au cours de la dernière décennie environ. La répartition géospatiale de ces sites, un réseau d’installations qui s’étend de la mer Noire à la côte est de l’océan Pacifique en passant par la Sibérie, couvre plus de 3 500 miles et 59 régions de l’Ukraine temporairement occupée et de la Fédération de Russie
HRL peut conclure que la Russie exploite un système potentiellement sans précédent de rééducation à grande échelle, d’entraînement militaire et de dortoirs capables d’accueillir des dizaines de milliers d’enfants ukrainiens pendant de longues périodes. Bien que cette étude ne réponde pas à la question du nombre d’enfants ukrainiens actuellement placés sous la garde de la Russie, elle révèle les capacités logistiques et opérationnelles mises en œuvre pour russifier les enfants arrachés à leurs communautés d’origine en Ukraine.

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